cahiers de guerre 1914-1918
Textes et dessins, Marie Joseph Loiseau
Marie Joseph Loiseau est né à Saint-Georges-Buttavent le 20 janvier 1873. À 42 ans, sans avoir accompli de service actif, il est appelé le 5 décembre 1914 et accomplit six mois à « l’école du soldat » à Mayenne et Sillé-le-Guillaume. Incorporé au 330e RI en juin 1915, il est envoyé à Verdun. Il participe à la guerre des tranchées jusqu’en janvier 1916, moment où il est versé à l’état-major dans les services de l’intendance sanitaire. On le trouve alors à Verdun, dans la Somme, en Champagne et dans l’Aisne. Le 28 avril 1918, il est affecté au service intérieur, en gendarmerie, dans la compagnie de l’Orne, jusqu’en octobre 1919. Il rentre alors à Mayenne où il décède le 30 mars 1959.
Le journal de M. J. Loiseau est original dans la mesure où il se démarque des récits habituels mettant en scène les tranchées et leurs combats meurtriers. Les tranchées, le Mayennais les connaît bien mais au travers des travaux de constructions, de réparations, ou d’entretien auxquels il participe avec ses camarades du 330e. Barbelés, fascines, gabions, étais… constituent son quotidien jusqu’en janvier 1916.
Les Allemands sont très proches. Des annotations renseignent sur le vécu des poilus, statut obtenu « puisqu’on a bu le café du front » (page 18). L’humour n’est pas absent : « à notre avis, les marmites feraient tout aussi bien de rester à la cuisine : ce serait aussi pratique, pour faire la soupe » (page 20). Ce qui retient l’attention, c’est la proximité avec l’ennemi : « A certains points du secteur, les tranchées adverses sont si près les unes des autres que les combattants se hèlent parfois, d’une tranchée à l’autre. C’est ainsi qu’un soir, se dressant sur sa tranchée, un Allemand nous cria s’il ne nous manquait pas un quatrième pour la manille » (page 28). Et cette proximité avec les « Kamarades d’en face » peut aller plus loin et surprendre : « lundi matin, le 303e tenait les tranchées sur notre droite lorsque 200 Kamarades, sans aucun doute fatigués de leur besogne, sont venus à la bonne franquette fraterniser à notre cuisine. Cela se passait à Trésauvaux, entre Champleur et les Eparges » (page 37). Dans le récit, l’alcool tient une place importante, particulièrement le vin rouge en bidon ou bouteillon. À partir de janvier 1916, la vie quotidienne change. M. J. Loiseau est affecté à l’intendance ; le front n’est pas loin, mais la lourdeur bureaucratique demeure.
Nous devons le sauvetage de ce journal manuscrit à M. Yves Cléry qui en a fait réaliser une édition reliée reproduisant en fac similés donc en couleurs l’ensemble des 176 pages (écrits et dessins) du récit de M. J. Loiseau. Il est possible de se procurer l’ouvrage auprès de M. Yves Cléry, 4 square Alexandre 1er de Yougoslavie, 35100, Mayenne (25 €).