L’ORIBUS N°60 – mars 2004
1805-1845-1958
BAINS EN RIVIÈRE À LAVA
Jean STEUNOU p 2
BRÈVE RENCONTRE AVEC VOLNEY
Pascal CHARPENTIER p 23
découverte ent 1878 une grotte à voutré
Jacques COUSIN p 38
« Souvenirs du chevalier de la Broise »
La Broise à la bataille de Leipzig (13-18 octobre 1813)
Présentation et notes
René Lemarchant et Philippe Vicente p 49
Ce numéro de L’Oribus est axé sur les quatre éléments : l’eau, la terre, l’air, le feu.
L’eau, avec la Mayenne. À une époque heureuse, elle coulait où elle voulait et les Lavallois s’y baignaient comme ils l’entendaient, au cœur de la ville, au milieu des égouts. Le XIXe siècle a mis de l’ordre. Il a canalisé la rivière. Il a indiqué aux baigneurs où ils pouvaient barboter et en quelle tenue : ils devaient porter « au moins un caleçon ». Le souci de décence et d’hygiène a été accompagné d’efforts pour proposer des équipements garantissant confort, sécurité, développement de la natation. Cela a commencé en 1805 par un projet de bains chauds près du Pont-Vieux, suivi, à partir de 1845, de différents établissements de bains en rivière, en amont du Pont-Neuf. C’est l’histoire de ces établissements que Jean Steunou évoque. Une histoire de plus d’un siècle, émaillée de rebondissements et de litiges, qui s’est terminée en 1958, quand les Lavallois ont pu renoncer à « l’eau plus ou moins trouble » de la Mayenne pour la piscine dite « du Viaduc ».
La terre, avec Constantin Chasseboeuf. Plus connu sous le nom de Volney, ce « philosophe », curieux de langues et de civilisations, enseignant, voyageur, a aussi été actif sur le plan politique sous la Révolution, l’Empire. Tout cela n’a pas empêché ce descendant de paysans, né à Craon en 1757, d’être aussi appelé « l’idéologue aux champs ». En bon physiocrate, il a en effet montré un intérêt constant pour l’agriculture. Si, en 1798, il a accepté de mener une enquête aux États-Unis, c’est qu’il rêvait d’y exploiter un vaste domaine. Sous la Restauration, il a acheté un grand parc à Sarcelles et une ferme en Brie. La mise en œuvre de ses théories, ne semble pas avoir produit des résultats probants. En 1792 déjà, Volney avait eu en Corse une expérience agricole malheureuse. Près, d’Ajaccio, il s’était lancé dans des cultures tropicales. Ce fut un échec ruineux. Il retira au moins de son séjour des observations qui lui ont permis de rédiger son étonnant « Précis de l’état politique et social de la Corse 1792-1793 » que nous publions à la suite de l’article de Pascal Charpentier sur les différentes facettes de cet homme des Lumières mayennais.
L’air, c’est celui d’une grotte découverte à Voutré en 1878. Il n’était pas méphitique, ce qui a simplifié les choses. Jacques Cousin a collecté les récits de plusieurs acteurs qui décrivent l’événement, la grotte et les objets mis au jour, malheureusement sans moyens et sans trop de méthode. Un squelette humain a été envoyé au Jardin des Plantes à Paris. Il a disparu et la grotte est tombée dans l’oubli. Cependant, la richesse de ce qui a été collecté sur le sol peut laisser penser qu’il y a dans l’éboulis central et dans les deux nappes d’eau des vestiges intéressants.
Le feu, c’est celui qu’affronte le jeune de la Broise qui, dans ce troisième épisode de ses mémoires, raconte les journées du 14 au 18 octobre 1813 à Leipzig. Une « Bataille des Nations » meurtrière qui a fait date dans l’histoire et dans l’imaginaire des peuples coalisés. Goethe en 1824 commente dans une conversation avec Eckermann : « Notre histoire moderne est pleine de grandeur et d’intérêt. Les batailles de Leipzig et de Waterloo se détachent avec un relief si puissant que celles de Marathon et autres du même genre en sont comme éclipsées ».
Pour accompagner les mémoires de la Broise, l’équipe éditoriale a essayé de trouver autant d’illustrations que possible. Les Archives municipales de la Ville de Mayence et le Musée d’histoire de la Ville de Leipzig ont accepté que L’Oribus utilise gracieusement certaines de leurs illustrations. Qu’ils en soient remerciés.
C’est à l’initiative du Musée d’histoire de la Ville de Leipzig lié au Monument de la Bataille des Nations, inauguré par Guillaume II en 1913 et longtemps haut lieu du nationalisme allemand, qu’a été lancée l’idée d’une communauté des mémoriaux nationaux de plusieurs pays européens avec au programme : réunions, forums et débats internationaux.
Un site a été créé : http://www.national-monuments.com (avec version française). Les numéros de L’Oribus qui ont trait à la campagne d’Allemagne du Chevalier de la Broise prennent le chemin de Mayence et Leipzig. Présent Outre-Rhin dans ces deux lieux de mémoire, L’Oribus apporte ainsi sa modeste contribution au débat international. Une contribution que Herr Steffen Poser, directeur du Monument de la Bataille de Nations apprécie : « Nous avons naturellement en archive le déroulement officiel de la bataille dans de nombreuses variantes contemporaines. Mais le vécu individuel des soldats isolés est pour nous de beaucoup plus intéressant […] Des récits vécus par de simples soldats français […] sont pour nous plutôt l’exception ».
René Lemarchant